Si tu es ici, à Wonderland. C'est bel et bien pour une raison, mais laquelle ?
un pur hasard une naissance merveilleuse une obligation terrible une contrainte répugnante
Chacun à ses défauts et ses qualités. Et tout le monde possède sa force et sa faiblesse. Quelle est donc la tienne ? Es-tu
à mentir comme un arracheur de dents à avoir le cœur sur la main à fuir en prenant tes jambes à ton cou à avoir le courage d'un lion
Dans cet univers, Wonderland n'est pas le seul. Mais connais-tu donc les deux autres mondes qui ornent cet endroit ?
oui non
Wonderland est un monde à part, emplit de folie et de décadence. Simplement, ce monde ne symbolise pas la même chose pour tout le monde. Alors dis-nous, que représente Wonderland pour toi ?
Que le royaume du Sud et le royaume de l'Ouest soient parties prenantes d'un même univers ne fait pas vraiment sens en réalité. Ceux qui ont déjà voyagé le savent ! Il y a le Sud, d'abord. D'abord et avant tout. Mon berceau, ma naissance. Les dunes que je connais comme ma poche, le soleil qui ne peut plus rien contre moi. Les mille et une règles de vie, du respect du sultan jusqu'au comportement face à une mouche. Il y a les pauvres, les voleurs. Mes compagnons de fortune. Le royaume du Sud, c'est ma famille. Avec ce que cela comporte de qualités et de défauts, d'aspects qu'on ne peut plus voir en peinture et de ceux qui nous manquent.
Puis il y a l'Ouest. Le véritable royaume des fous. Celui où je me sens à la fois si confortable et jamais tout à fait chez moi. Ils sont dingues ! Pas un peu doux dingues, non. Profondément mentalement malades. Mais dans le bon sens du terme. Avant d'arriver là, je n'imaginais qu'il put d'ailleurs y avoir un bon sens du terme. Mais l'Ouest, c'est la délicieuse folie. La liberté. L'échappatoire. L'asile. La respiration.
On a tous un passé plus ou moins chaotique. Parfois c'est ce qui fait notre force, parfois c'est ce qui nous détruit. Alors laisses-toi aller et raconte-nous une anecdote qui te rends fier ou alors qui te rends honteux. Tu as même la possibilité de faire les deux.
J'avais quinze ans. J'étais un bon candidate au bonheur. Débrouillard, dégourdi, impulsif, malin comme un singe. Il n'y avait pas un jour sans que mes compagnons et moi-même ne mettions le quartier à sac et inventions de nouvelles occupations incroyables. On est entré par hasard chez ce commerçant d'huiles qu'on avait repéré la semaine passée. Facile à détrousser, gros comme ses tonneaux, ce serait une affaire rondement menée, il n'y avait besoin de quelques uns d'entre nous. Le gros marchand était aussi peureux que nous l'avions prévu, et il se calfeutra dans un coin en nous regardant le piller. Jusqu'à ce qu'il se frotte les yeux comme piqué par un oignon et me balance mon nom. « Dalir ? » Je fais volte-face, j'ouvre des yeux interloqués, je nie en bloc. Dalir ? Connais pas. « Dalir.. C'est... c'est moi ». Moi ? Lui ? Qui lui ? Je continue à enfourner dans mon sac les fioles gravées qui traînent désormais sur le sol. Je jette un dernier regard vers le poltron. Oh. Lui.
Il fait si froid soudain. Les autres ne réalisent pas encore notre petit manège. Lui. Bonjour papa, ça en fait des années dis donc, tout se passe bien ? L'ironie amère dévore mes pensées mais je ne peux pas articuler une seule parole. Mon père. Je n'ai que quinze ans. Je ne suis rien. Personne. Je peux encore me réfugier sur son gros ventre plein de soupe et me faire pardonner. Ses yeux sont humides. Des yeux de chien galeux. « Je te connais pas vieil homme et vu ton état, j'en suis bien heureux car tu seras bientôt six pieds sous terre à trembler comme ça pour un rien. » On casse une vitre pour le plaisir du geste et on s'enfuit. Je me retourne. Je devine sa silhouette. C'est la dernière fois que je le verrai. Et la première fois que la honte, le regret et le remords m'ont fait sentir la brûlure qu'ils pouvaient instaurer dans le coeur d'un homme. Le regard larmoyant de mon père peut encore me déchirer les nerfs si je n'y fais pas attention. J'avais quinze ans ce jour-là, et je croyais devenir un homme. Je devenais un voleur. Dans tout ce que ce terme peut recouvrer de plus abject. Pardon papa, à la prochaine.